En couverture de la Gazette cette semaine !

Émile Friant a immortalisé plusieurs de ses amis de l’école de Nancy. En 1885, encore jeune artiste, il brosse cet élégant double portrait de Charles de Meixmoron et de son épouse.
Près d’une génération séparait le jeune Friant de Meixmoron, qui entretinrent pourtant une longue amitié. Cette peinture en témoigne. L’aîné fait confiance à un artiste de 22 ans pour cette œuvre relativement intime montrant un double portrait de son épouse, Lucie Marie Emma de Maillart de Landreville : l’un qu’il est en train de peindre et l’autre, brossé par Émile Friant, captant toute la scène mais dont le point d’orgue est la magnifique tenue de soirée de la jeune femme. Le rose soyeux de la jupe éclaire le costume noir du peintre, concentré sur les couleurs de sa palette. Le corsage, violine au sombre velouté, dégage les épaules et met en valeur la blancheur de la peau du modèle contemplant son époux. Cette attention aux subtiles nuances, aux dégradés des couleurs et à ces détails qui rendent plus réel le motif représenté est une constante dans l’œuvre de Friant, et on les retrouvera peu de temps plus tard dans La Toussaint (1888), son tableau le plus célèbre. Ses modèles figurent parmi les plus éminents membres de la bonne société nancéienne. Léon Charles Bénigne Vaillant de Meixmoron Mathieu de Dombasle, né en 1839, est le petit-fils de l’agronome Mathieu de Dombasle, inventeur de la charrue du même nom, précurseur de l’enseignement agricole en France et fondateur d’une fabrique d’instruments aratoires. Tout en présidant cette société, Charles poursuit une carrière de peintre il participe régulièrement aux expositions de la Société lorraine des amis des arts, et au salons parisiens à partir de 1866, et jusqu’en 1908. Très tôt, il s’intéresse à un jeune artiste, Claude Monet, dont il achète des toiles. Sa collection s’étoffe rapidement avec des œuvres signées Manet, Cassatt, Boudin, Degas, et des estampes japonaises. Admis à l’académie de Stanislas en 1887, Meixmoron publie des monographies d’artistes lorrains dont celle d’Émile Friant dans les Mémoires de l’académie. Au Salon des artistes français de 1885, deux tableaux de Friant sont très admirés : un portrait en pied de Madame de Meixmoron de Dombasle et une œuvre intitulée L’Ébauche. André Michel est enthousiaste dans sa chronique de la Gazette des Beaux-Arts : «Le dessin précis et à la fois enveloppé, avec des souplesses et des caresses délicieuses, la couleur discrète et savante avec des raffinements de bon aloi… l’éloquence discrète et pénétrante de la lumière». L’artiste développe un style naturaliste non seulement dans ses portraits, mais aussi dans des œuvres ayant pour titre La Discussion politique, Les Canotiers de la Meurthe, Le Repas frugal… Sans omettre des scènes plus poétiques comme La Petite Barque, une symphonie de blancs où une jeune femme tient la barre, l’homme appuyé sur ses genoux.


À SAVOIR
Vendredi 4 octobre, salle 5 - Drouot-Richelieu. Deburaux - Du Plessis OVV. Cabinet Perazzone - Brun.