PIERRE CHAREAU

🔨  C’est en autodidacte que Pierre Chareau conçoit de nombreuses œuvres dont la Maison de verre (1928-1932), référence introductive obligée, devenue l’une des œuvres majeures de l’architecture moderne en France. Ainsi, sans formation d’architecte ni de décorateur, il est aujourd’hui admiré notamment grâce à la renommée de cet édifice. Ce besoin d’apprentissage solitaire ne l’empêche pas de mettre à profit ses études à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts et se diversifier : de l’aménagement du Grand hôtel de Tours (1926-1927), à celui des demeures de particuliers, en passant par la multiplication de ses créations de cheminées, de luminaires, d’accessoires et de serrureries, jusqu’aux expositions et aux salons d’art décoratifs… Pierre Chareau est aussi un amateur de peinture d’avant-garde témoignant à travers ses nouvelles pièces de mobilier, d’une réappropriation des principes développés dans le mouvement hollandais De Stijl qu’il transpose et adapte. Réduire le génie de Chareau à sa Maison de verre en raison de la disparition progressive de ses aménagements intérieurs et à la raréfaction de son mobilier serait en effet lui faire un mauvais procès !

L’importance qu’il accorde à la mobilité de ses œuvres et l’influence majeure des arts plastiques lui servent d’outils de recherche afin de répondre à de nouvelles problématiques modernes. La souplesse offerte aux meubles grâce à des systèmes pivotants ou coulissants mis en place par l’artiste, illustration de son savoir-faire alliant le bois au métal, facilite leur utilisation et satisfait la multiplicité des nouveaux besoins. Il conjugue par ses travaux, la mémoire des grandes traditions de l’ébénisterie française et la fonctionnalité de ses meubles rigoureux et sans décor. Notre table MB 106 modèle éventail gigogne reflète parfaitement ces préoccupations. Typiquement de la période « métal et bois » de Chareau, c’est la forme d’éventail qui est ici préférée par l’artiste. Segment d’un cercle, en tant que « dépliage-rotation-effacement-emboîtage-gigogne », l’éventail « culmine dans son vocabulaire mobilier indépendant » comme le souligne la description d’un modèle identique de l’exposition réalisée par le Centre Georges Pompidou entre novembre 1993 et janvier 1994.